Le coup de coeur de Babel med.net
article original consultable à l’adresse : http://www.babelmed.net/index.php/muzzika/13389-muzzika-juin-juillet-2013.html
JUAN CARMONA, «Alchemya», World Village/Harmonia Mundi
Juan Carmona revient nous régaler d’un nouvel album, avec sa guitare flamenca qui est plus flamboyante et audacieuse que jamais ! Pour ce dixième album (l’artiste produit, régulièrement, un album tous les ans ou tous les deux ans, de ses propres compositions), Juan a convié pas moins de 35 amis, musiciens ou chanteurs, à se joindre à lui ! Du guitariste jazz Sylvain Luc au cantaor de flamenco Ramon El Portugues (Espagnol malgré son nom !), d’un choeur de voix féminines africaines à la cantatrice Françoise Atlan, spécialiste du chant des Juifs d’Espagne…
L’album pétille, danse, tournoie, telle la flamme du feu gitan autour duquel se réchauffent, chantent et dansent encore, par les belles nuits d’été, parmi leurs caravanes, les gitans du Sud de la France, famille de coeur de Juan Carmona, artiste français né dans une famille d’origine espagnole, et qui a choisi de vivre dans le Sud de la France, où vivent encore de nombreux gitans catalans…
«Africando», «Mambo influenciado», «Karma», «Santiago city», «Miami»,… : les titres des compositions de Juan Carmona dans cet album – comme ceux des titres qu’il emprunte à d’autres artistes, tel le «Mambo influenciado» du Cubain Chucho Valdès – disent à eux seuls l’esprit «voyage» de ce nouvel opus, où l’artiste s’échappe hors des sentiers du flamenco pur pour vagabonder où bon lui semble… pour notre plus grand plaisir !
Car toujours, la précision, la légèreté, et la souplesse de la guitare du fabuleux instrumentiste nous séduisent, dans des compositions pour la grande majorité d’entre elles très éloignées de la douleur qui caractérise souvent les chants gitans. A l’instar de ses cousins artistes brésiliens qui le chantèrent jadis, Juan Carmona semble nous dire ici «Chega de saudade», «Assez avec la mélancolie», pour retenir des musiques gitanes plutôt la danse et la joie, le feu follet au lieu du feu qui dévore. Nous, on adore !